L’émergence d’une société collaborative

La société actuellement en mutation, donne une place beaucoup plus importante aux besoins réels des usagers. Différents facteurs transforment les modes de consommation et l’économie collaborative, en plein essor, sort son épingle du jeu. 

En effet, l’impulsion du digital, la transformation des repères liés à la propriété, jouent un rôle sur les nouveaux modes de consommation. De même, la conscience de l’impact humain sur l’environnement et le rétropédalage opérant sur la croissance, sont des facteurs d’évolution.

De l’immobilier (ex : AirBnB), aux véhicules (ex : Blablacar) en passant par les équipements (ex : Allovoisin), tous les secteurs sont touchés par la dynamique collaborative. En 2018, près de 66 % des français se disent prêts à partager leurs objets plutôt que de les posséder.

En 2025, cette économie de partage représenterait 302 milliards d’euros quand en 2013, elle en représentait 20. Aujourd’hui, presque 90 000 start-up composent le marché mondial de la consommation collaborative et 9 français sur 10 disent l’avoir utilisé. (selon l’étude CREDOC)

Participatif, collaboratif, coopératif, pair à pair

Il y a là, l’idée d’échanger et de partager des connaissances, des biens ou des services. Exit les grandes organisations publiques, qui se chargeaient de la régulation plutôt verticale, descendante et centralisée reposant sur les contrôles et la sanction. Maintenant, elle s’effectue entre particuliers de façon horizontale, de pair à pair, décentralisée, reposant sur la confiance, l’autocontrôle et le contrôle des pairs. La notion de décentralisation est intéressante car les valeurs et les idéaux évoluent. On voit monter en flèche les notions d’intelligence collective, de créativité, de coopération. La responsabilité est répartie entre citoyens. 

A la fois producteurs et consommateurs, associations, fondations, coopératives, mutuelles, société civile, et plateformes de mise en relations, numériques ou non, ils jouent les intermédiaires. Pour atteindre des objectifs durables et circulaires, la proposition est de valoriser l’usage, avec les technologies de l’information et de la communication.

Changement de prisme économique

Ce partage peut se faire avec ou sans échange monétaire par la vente, la location, les dons et le troc. Les capitaux se font face. L’économique, le financier, le patrimonial courbent un peu l’échine face au social, l’humain et l’écologique qui deviennent une référence, de plus en plus grande. 

Néanmoins, il est important de ne pas perdre le contrôle, dont les plateformes pourraient vite s’enquérir par leur position monopolistique. Et l’aspect chronophage du partage peut décourager certains et les passagers clandestins seront difficiles à sortir du circuit. De plus, le manque de protection sociale des professionnels, selon les formes de communautés, peut ralentir l’adhésion à ce mode de travail que l’on appelle, l’uberisation.

Enfin, le délitement des structures passées de l’activité professionnelle, fait partie des écueils à éviter. Essayer de trouver un équilibre subtil, entre avantages du « monde d’avant » et modularité du « monde d’après » reste à trouver. 

La communauté au cœur de l’activité publique

Sur de nombreux aspects la communauté portée par un directoire dans une structure classique, a de beaux jours devant elle. Si tant est que l’équipe dirigeante s’accorde à favoriser l’émergence d’innovations et de fonctionnements nouveaux.

En effet, certaines organisations publiques locales se dotent de corpus de référents de l’innovation, dont l’entité peut être incarnée par un Lab. DiCi a été missionnée pour en accompagner un, en Pays de la Loire. Ce dernier rencontre une belle adhésion auprès des agents qui y sont investis et y développent un grand nombre d’actions. Néanmoins, de multiples problématiques résistent. Bien souvent, les moins acculturés à la dimension d’innovation, bloquent la dynamique de groupe et réitèrent des mécanismes archaïques. Indépendamment des réfractaires, les processus organisationnels liés à l’administration sont aussi enclins à ralentir les processus de transformation. 

Mais comment faire pour embarquer ces derniers acteurs, vers l’esprit de communauté et la coopération transversale ?

Le Lab, la concrétisation pour transformer la pensée ?

L’espace dédié à un Lab d’innovation peut répondre, pour partie, au besoin. Attention, une simple vitrine n’a pas le même crédit qu’un hub dynamique. Il peut être décrié rapidement et embarquer avec lui, l’idée que l’innovation n’a rien de bénéfique. Le Lab se doit de concrétiser les services qu’il propose et de mettre en forme les besoins réfléchis dans les départements. De même, incarner les solutions trouvées par et pour les agents ou les administrés et les valoriser, est indispensable.

Une autre preuve concrète que le Lab se doit d’apporter, c’est la réduction du temps de développement des projets et leur mise en œuvre, rapide, en interne. Le Lab d’innovation dédié à l’essai/erreur encourageant à éprouver et favorisant la prise de risque avec filet, augmente la confiance en soi et en l’autre. A conditions que la communauté d’innovateurs et ses dirigeants le soutienne. Très concrètement une reconnaissance administrative auprès des pairs, peut avoir un effet motivationnel fort.

Alors le Lab peut être reconnu par les parties prenantes comme un levier de transformation. 

Pour le design, donner forme, une histoire ordinaire

Le design qui sait concrétiser, a une carte à jouer en abordant les choses avec humilité. Les méthodes du design s’approprient l’écosystème local par l’écoute, la découverte et l’interrogation permanente, de manière itérative

La formalisation de chaque enseignement permet la discussion autour d’un langage commun. Cette discipline concrétise, dès que nécessaire, des solutions, et peut répondre aux besoins de l’activité d’une organisation publique et de ses administrés. 

Le design peut rendre l’immatériel concret grâce à divers outils, comme l’impression 3D ou la Réalité Virtuelle… Le Lab doté d’un socle méthodologique passent par le design thinking, le prototypage rapide ou les méthodes agiles. Les équipes internes ou externes responsables de l’espace, soutiennent une orientation thématique et animent la communauté. Par le design, le Lab peut connecter les collaborateurs de l’innovation. Ainsi, il répond au besoin d’innovation des agents et des administrés, au niveau local. 

Caroline Saunier pour DiCi